"Mais enfin Maman, pourquoi tu veux qu'j'fasse du latin ?" Si votre enfant est en classe de sixième, il est fort probable qu'il vous pose bientôt cette question. En effet, les collèges proposent l'enseignement des langues et cultures de l'antiquité (donc l'enseignement du latin et du grec) à partir de la classe de cinquième à raison d'une heure par semaine en cinquième puis de deux heures par semaine en quatrième et en troisième. Alors, je vous la pose moi aussi cette question : "en 2018, à l'heure du numérique, est-ce que ça vaut encore le coup de faire du latin ?". www.gmburrahobbit.com Suspense, suspense... Pour y répondre, je vous propose un petit questionnaire "vrai-faux" afin que vous puissiez vous faire votre propre idée sur cette question : 1. "Le latin, c'est une langue morte, plus personne ne le parle." Faux ! "Mon fils, si tu veux devenir archevêque, sache que le latin te sera très utile. C'est l'une des quatre langues officielles du Vatican pour les textes juridiques." Ce n'est pas l'argument le plus persuasif que je connaisse pour motiver un adolescent à faire du latin, alors passons tout de suite à la deuxième question... 2. "Le latin, ça ne sert à rien." Faux ! Tout d'abord, le latin est (avec le grec) la mémoire du français : 80% mots de notre vocabulaire en sont issus. La plupart ont muté mais certains ont traversé le temps. C'est le cas, par exemple, des mots "agenda", "aquarium" ou des expressions "ad vitam aeternam" ou "manu militari" que nous utilisons dans le langage courant. Apprendre le latin présente donc un double intérêt : améliorer la compréhension des mots à l'oral et leur orthographe à l'écrit.
"Hé, Scylle, Scylle, [Las!] cette dolente rive Voire son flot piteux, qui bruyant y arrive" "Dolente" peut sembler difficile à comprendre, sauf si on le rapproche de de son ancêtre latin "dolor" (la douleur). Le latin peut donc nous aider à comprendre le sens de mots entendus ou lus pour la première fois, voilà qui est bien pratique !
Pour cette même raison "archéologique", apprendre le latin facilite l'apprentissage de certaines langues étrangères : l'espagnol, le portugais, l'italien et le roumain sont également des langues latines. On trouve aussi quelques mots d'origine latine dans l'allemand et l'anglais. Un plus, si votre enfant aime voyager ! D'autre part, l'apprentissage du latin permet de développer sa culture générale. Comme l'explique Catherine PERILLAT, professeur de français et de LCA (langues et cultures de l'antiquité), "l'antiquité latine est à la source de toute la culture humaniste européenne puisque c'est l'empire romain qui a constitué le bloc de peuples allant de l'actuelle Angleterre à la Roumanie". Pour vous en convaincre, je vous invite à visiter le pont du Gard lors de vos prochaines vacances. Enfin, apprendre la latin constitue un atout pour certaines études supérieures : pour les études de lettres ou de linguistique bien sûr, mais aussi pour la biologie, la médecine ou le droit. La terminologie utilisée dans ces domaines pioche généreusement dans le latin. Savez-vous par exemple où se trouve votre sternum ? 3. "Le latin, ça va me faire des cours et des devoirs en plus, c'est nul." Vrai. Comme je vous le disais en introduction, il faut s'attendre à une heure de cours supplémentaire par semaine en cinquième. C'est-à-dire, une heure de jeux vidéo en moins. Quant aux devoirs, c'est certain qu'il y en aura (avec des exposés à présenter et des leçons à apprendre). Néanmoins à ce jour, je crois que personne n'est mort d'avoir passé moins de temps devant les écrans et d'avoir appris des leçons. www.sympa-sympa.com Commodus le confirme, personne n'est mort. 4. "Le latin, ça ne m'apportera rien." Faux. Parce qu'il est décidément têtu, il est temps de sortir les arguments marketing : "Mon fils, grâce au latin, tu comprendras beaucoup mieux certains films : Asterix, Gladiator, Ben Hur, etc." Ou encore un fatal "Mon fils, sais-tu que les latinistes font généralement un voyage en Italie ?" Ce dernier argument qui peut sembler bien commercial de prime abord se révèle plus pertinent qu'il n'y paraît : dans vingt ou trente ans, votre enfant aura sans doute oublié ses déclinaisons latines mais il se rappellera avec émotion de son voyage à Rome ou à Pompéi. Un voyage avec les copains (sans les parents) sur des sites grandioses, ça reste gravé dans la roche ! Le Colisée à Rome J'espère que ce voyage dans le temps et dans l'espace aura nourri votre réflexion. Alors, cette rentrée en 2019, ce sera avec ou sans le latin ? "In fine", si vous hésitez encore, écoutez Georges BRASSENS qui chantait dans "Tempête dans un bénitier" : "Ils ne savent pas ce qu'ils perdent
Tous ces fichus calotins Sans le latin, sans le latin."
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